Par Eric Veyssy, Terre et Ocean

Parcours local/global autour du textile et des ODD

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Le thème du textile coche les 17 cases des ODD. Mais pour rendre leur appréhension ludique et ancrée dans le territoire, et le quotidien, notre réflexion nous a amené à plusieurs pratiques complémentaires.

Tissu, d’où viens-tu ?

Pour ouvrir les esprits sur les enjeux, des ateliers interactifs posent les contextes internationaux et environnementaux.

Les élèves (et enseignants) font le tour des étiquettes de leurs vêtements du jour pour découvrir les pays de confections. Quelques pays (asiatiques notamment) se retrouvent assez souvent : Bangladesh, Chine…

Sur une carte, nous les situons et nous abordons les zones de production des fibres de base et les éléments indispensables à ces cultures et industries, et à leur transport d’une région à l’autre jusqu’à nous : eau, énergies fossiles…

L’empreinte carbone et l’eau virtuelle entrent en jeu comme des notions transversales concrétisées par le circuit mondial des textiles.

Textile, une filière éthique ?

Avec la projection du film « Made in Bangladesh », les quotidiens ingrats des ouvrières des usines de confections textiles de Dakha, capitale du Bangladesh, éclairent les contextes sociaux et culturels sur lesquels reposent ces réseaux aux ramifications et échanges complexes.

Salaires très bas (« ton salaire, c’est 2 tee-shirt » extrait d’un dialogue du film), direction brutale, usines insécurisées… Et bien souvent, les ouvrières sont des réfugiées climatiques, sans autre solution pour survivre.

Il était une fois le textile près de chez nous

Plus près de nous, un parcours illustré sur le bord de la Jalle, permet de remonter le temps et d’aborder L’histoire locale du textile et de l’eau indispensable.

Car dans les siècles passés, le long de la Jalle, les blanchisseuses lavaient le linge des riches familles bordelaises avec des cendres, travaillant été comme hiver pour un maigre salaire.

Le long de la rivière, nous trouvons aussi des plantes qui ont pu être utilisés pour confectionner des vêtements, comme l’ortie, le lin ou le bambou. Certaines de ces plantes (lin, chanvre) ont été cultivées dans des champs atour de nos rivières pour la production de fibres. L’aulne, la patience et le châtaignier, mais aussi le lichen, fournissaient des teintures. La galle et l’écorce du chêne servaient de mordant (ou fixatif) pour ces couleurs.

En complément, des références littéraires illustrent aussi cette histoire :

« Un jour il voyait des gens du pays très occupés à arracher des orties. Il regarda ce tas de plantes déracinées et déjà desséchées, et dit :  C’est mort. Cela serait pourtant bon si l’on savait s’en servir. Quand l’ortie est jeune, la feuille est un légume excellent ; quand elle vieillit, elle a des filaments et des fibres comme le chanvre et le lin. La toile d’ortie vaut la toile de chanvre. Hachée, l’ortie est bonne pour la volaille ; broyée, elle est bonne pour les bêtes à cornes. La graine de l’ortie mêlée au fourrage donne du luisant au poil des animaux ; la racine mêlée au sel produit une belle couleur jaune. C’est du reste un excellent foin qu’on peut faucher deux fois. Et que faut-il à l’ortie ? Peu de terre, nul soin, nulle culture. Seulement la graine tombe à mesure qu’elle mûrit, et est difficile à récolter. Voilà tout. Avec quelque peine qu’on prendrait, l’ortie serait utile ; on la néglige, elle devient nuisible. Alors on la tue. Que d’hommes ressemblent à l’ortie ! – Il ajouta après un silence : Mes amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs. » Jean Valjean, Les misérables, 1862

Il était une fois le textile près de chez nous

Dans le parcours, une station d’épuration permet aussi d’aborder la question contemporaine des microfibres rejetées avec les eaux usées jusqu’à la Jalle, puis la Garonne et l’océan.

Question déjà été abordée lors de la première séquence à travers un atelier pratique.

Dans un grand nombre des pays de production actuels, l’épuration urbaine et industrielle est très peu développée, voire inexistante. Les impacts sur les rivières, les fleuves et l’océan sont d’autant plus forts.

L’ensemble de ces séquences aborde donc les 17 ODD et ouvre une réflexion sur ce qui se cache derrière nos textiles, éléments essentiels de notre quotidien.