Par Sophie Dionisi, Lycée Bel Orme

Vers un enseignement transformateur, entre inconfort et inspiration

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J’aime sortir de ma zone de confort

C’est l’une des raisons pour lesquelles je m’investis dans des projets éducatifs européens. Ils sont une opportunité de me remettre en question, d’essayer, d’iterer. Après tout, ne sommes-nous pas, les enseignants, des chercheurs du quotidien ?

Après une année de préparation, de réunions, de rédaction, de doutes, ressentir la joie d’apprendre que notre projet a été validé est une belle récompense.

Notre équipe, exclusivement féminine, s’est soudée en quelques semaines. Des personnalités qui prennent du plaisir à chercher, construire, progresser, se tromper,  refaire, et avoir le sentiment d’avancer pour une cause.

Voilà une autre raison de me réjouir de m’être une fois de plus embarquée dans une nouvelle aventure.

Le lancement du projet

C’est avec beaucoup d’excitation que j’attendais le lancement du projet avec nos partenaires. Cette semaine a tenu ses promesses, riche de découvertes, de belles rencontres et d’activités. La sortie au Pilat sur mer me laisse encore la sensation du vent et du sable sur mon visage en haut de la dune, ainsi que de la tristesse ressentie devant les résidus d’arbres carbonisés par le feu de l’été 2022.

Il est difficile de choisir le moment qui m’a le plus marquée mais curieusement, celui que je retiens n’est pas le plus agréable, mais celui qui a suscité le plus de questions et auquel je réfléchis encore : La présentation du programme de formation des enseignants.

C’est au cours de la dernière demi-journée que nous rencontrons Andreea, en visio de l’autre coté de l’atlantique. La présentation commence et je me retrouve à la place d’élève. Est-ce la fatigue qui s’est accumulée cette semaine, le moment de la journée, les explications théoriques que je dois assimiler dans une autre langue que la mienne, mais je trouve ce moment difficile et inconfortable.

Je me sens un peu perdue, et j’avoue avoir parfois décroché, car je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi conceptuel. Mais les idées m’interpellent.

Une opportunité pour un enseignement différent

Je comprends que les changements dans nos classes dépendront de nos propres changements intérieurs, de notre capacité à ressentir, à désapprendre et que nous pouvons nous saisir des problématiques environnementales comme une opportunité pour un enseignement différent.

J’ai retenu qu’un tiers de la population mondiale a moins de 20 ans, que notre terre n’a jamais été aussi jeune, et que cette génération sera celle prendra le plus de « décisions démocratiques pour les humains et bien plus que les humains ».

Que peut on faire pour les aider à se saisir de problèmes complexes avec une attitude positive et tournée vers l’avenir ?

Dans mes classes, je sensibilise déja autour des ODD. Comme dit Andreea « C’est bien, mais c’est pas assez » . Nous devrons explorer la partie immergée de l’iceberg pour un véritable changement de nos schémas de pensée, et ça, ce n’est pas rien.

A ce moment là, je ressens le confort dans l’inconfort …

Passer du modèle ego centrique au modèle eco centrique, je n’ai pas encore tout saisi, mais ça vaut le coup d’essayer. Démarrage du programme début 2024…

Finalement, en rédigeant ce texte, je m’aperçois que je commence à m’interroger, à explorer ma capacité à ressentir, à expérimenter la narration…  , ne serait ce pas le début de la (trans)formation ?