Par Gaël Barreau, Terre et Ocean
Mobilité à Albufeira
Un projet à échelle européenne
Un projet à échelle européenne c’est avant tout l’opportunité unique de pouvoir échanger autour des ODD dans un autre pays. Cette expérience nous permet surtout de vivre quelques jours dans une réalité parallèle, visiblement la même, mais avec de subtiles différences. Ainsi être plongés dans le quotidien du lycée d’Albufeira a été extrêmement enrichissant, vis-à-vis de nos habitudes et de nos méthodes. Sans compter l’accueil qui nous a été fait, aussi excellent que les petites attentions gastronomiques portugaises (il faudrait un monde avec plus de coffee breaks !)
Une fragilisation progressive
Bien qu’éloignées géographiquement, l’Algarve et la Gironde ont beaucoup de points communs, notamment les magnifiques paysages qu’offre son littoral, mais aussi un développement urbanistique et une forte attractivité territoriale. Trouver cet équilibre entre l’accueil des touristes, moteur économique de la région, et préservation des paysages, qui sont une des raisons qui attirent tant les visiteurs, est un enjeu aussi central à Albufeira qu’à Arcachon.
Cela se conjugue aux mêmes problématiques vis-à-vis des milieux naturels : préservation des zones humides, disparition des habitats forestiers ou agro-pastoraux, mais aussi érosion côtière. Bien que le littoral de l’Algarve soit rocheux, et donc en théorie plus résistant à l’érosion quotidienne que nos côtes sableuses, il n’échappe pas à une fragilisation progressive par les aléas climatiques, la montée des eaux, voire le risque sismique, très présent sur ce territoire, et amène in fine à l’augmentation des risques naturels sur les zones urbanisées.
Des espaces fragiles
La comparaison avec la première mobilité du projet Oddience ne s’arrête pas là. Les visites successives de la lagune de Salgados et du musée des Sciences de la Vie d’Algarve, ont permis de faire le parallèle entre nos zones humides, nos herbiers du Bassin d’Arcachon, et ceux présents sur la côte de l’Algarve.
La croisière en mer le long de la côte a permis quant à elle de contempler le littoral au fil de l’eau, contrechamp de notre découverte des jours précédents, avec un même constat. Ces magnifiques paysages, avec ces grottes spectaculaires et ces plages discrètes, sont l’atout de cette côte, mais peuvent être sa perte, avec des espaces fragiles face à un surtourisme déjà bien visible.
Là encore, le parallèle avec notre littoral ne cesse de se dessiner. L’observation des dauphins en fin de parcours nous a mené à la même conclusion : l’émerveillement d’observer de si près ces magnifiques animaux ne peut en effet pas faire l’impasse d’un questionnement sur nos impacts, visibles sur les cicatrices en nombre sur les dos de ces cétacés.
Une réelle implication
Le soleil qui nous a accompagné tout le long de notre séjour, résonne également quant à la résilience de nos territoires méditerranéens.
Le changement climatique, avec des sécheresses toujours plus marquées, vient se heurter à une demande touristique qui ne cesse d’augmenter.
Quant au projet lui-même, outre les riches moments d’échanges entre intervenant.e.s et enseignant.e.s, on a pu constater une réelle implication des élèves à chaque fois qu’il nous a été donné de les rencontrer. Qu’il s’agisse de débattre avec eux des objectifs des ODD, ou plus simplement d’assister à des cours ou des échanges avec des scientifiques locaux, les jeunes ont montré une maturité certaine, et de remarquables qualités d’expression dans plusieurs langues.
Le projet ODDience les a également bien inspirés. On a pu le voir au prisme d’un travail artistique accompagné par Maria, celui d’une fresque, en cours de réalisation, reprenant les 17 objectifs du développement durable, réinterprétés graphiquement par les élèves.
Ces trois jours, où l’on a pu constater une l’universalité des problématiques, nous ont donc donné matière à réflexion pour penser nos projets futurs. Notre conviction est d’autant plus renforcée vis-à-vis de la force de la pédagogie, comme outil d’appréhension des objectifs des ODD pour une société plus résiliente.